Droit de réponse

A côté des enregistrements vidéo où il arrive qu’on fasse des lapsus (cf. 52), il est deux sources d’erreurs ou de déformations sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir :

  • lorsque, en différé, mes propos sont tronqués;
  • lorsque, pour des raisons qui m’échappent, je me vois attribuer la paternité de propos que je n’ai pas tenus (notamment quand mes propos sont retranscrits dans la presse écrite).

Dans le présent article, je me propose de rectifier les plus ennuyeuses des erreurs publiées qui, d’une façon ou d’une autre, ont été portées à ma connaissance.

Récupération de la récupération

Quelques correspondants bien intentionnés font remonter à oreilles quasi virginales la médisance de certains internautes qui s’autorisent à me stigmatiser au motif que mes écrits seraient repris par des revues à leurs yeux “peu recommandables”.

J’ai consacré un article entier à ce mauvais procès.

Accès aux soins chaotique : comment en finir avec les déserts médicaux

Atlantico, 04/09/12

Le site Atlantico publie aujourd’hui une “interview” qui m’est attribuée, portant sur les déserts médicaux. Il suffit de constater les erreurs et approximations de la présentation biographique pour entretenir la plus grande circonspection quant à ma responsabilité dans les propos qui m’y sont prêtés.

N’étant pas moi-même médecin praticien (comme le remarquent à juste raison certains commentateurs), je me garderais bien d’avoir la moindre recommandation sur “l’organisation des soins”. C’est très indirectement que je suis entré en contact avec la journaliste du site via une consoeur précédemment interviewée et qui lui avait donné mes coordonnées. Je me suis contenté de développer deux idées anciennes que mes lecteurs connaissent bien, à savoir que:

  • le statut “libéral” des médecins n’a strictement rien de “libéral”, les obligations contractuelles entre ceux-ci et la Sécu étant loin d’être symétriques: je ne crois pas être le seul à rappeler cette vérité exaspérante – surtout en période de crise1;
  • si les médecins se contentaient de faire la médecine curative à laquelle ils ont été formés au lieu de se faire les VM de “préventions” qui profitent plus aux lobbies pharmaceutiques qu’à la santé publique, il y aurait surpopulation médicale2.

Cela rectifié, je constate non sans un certain amusement consterné que les réactions de certains confrères (qui eux, n’ont pas l’excuse d’une transcription par un tiers) se signalent par un esprit de rigueur et de vérification crédibilisant que les “déserts médicaux” puissent être des oasis de sécurité en ce qu’ils minimisent pour la population la probabilité d’avoir affaire à eux… En particulier:

  • ni fonctionnaire, ni salarié, je pourrais sérieusement en remontrer à beaucoup sur les véritables contraintes d’une profession “libérale”;
  • je ne travaille pas 35 heures par semaine;
  • ce nonobstant, je trouve même le temps de réfléchir ailleurs que dans Le Quotidien ou Prescrire, pour éviter de dire publiquement n’importe quoi ou de colporter les idées reçues.

Retrait des anorexigènes amphétaminiques

Le Quotidien du pharmacien, avril 2006.

Quoique je ne parvienne pas à remettre la main sur cette interview, il me revient qu’interrogé à propos de cette histoire de préparations magistrales anorexigènes de la rue Demours, j’avais soutenu que de telles dérives étaient la conséquence parfaitement prévisible du retrait généralisé des anorexigènes amphétaminiques que j’avais toujours dénoncé comme injustifié (j’ai même été à plusieurs reprises consultant pour les fabricants concernés qui entendaient protester de voir leurs spécialités mises dans le même panier que les fenfluramines de Servier). Sans doute surpris par ce propos fort hétérodoxe3 le journaliste m’avait prêté le propos exactement inverse et fait soutenir que les mesures de l’Agence à cet égard étaient parfaitement justifiées.

Grippe H1N1 « Où sont les priorités de santé publique ? »

L’Humanité, 19/09/09

“La grippe H1N1 est cinq fois plus contagieuse que la grippe saisonnière.”

Dans une interview où je dénonce l’incapacité des autorités à produire des chiffres épidémiologiques fiables, je n’ai évidemment pas pu dire une chose pareille. J’ai demandé en conséquence à la journaliste d’introduire un rectificatif.

L’anarque Tamiflu

XXI Vingt-et-un, n° 9, hiver 2010, p. 12-13

La promesse documentable de me soumettre “l’interview” avant sa publication n’ayant pas été tenue, je ne peux évidemment être tenu responsable des propos – et erreurs – qui me sont prêtés: je peine à comprendre, par exemple, sur quelle base “les infarctus” seraient traités comme complication du Tamiflu…

Le “miracle” de la streptomycine sur les méningites tuberculeuses

C dans l’air, 28/12/10

C’est une regrettable erreur qui m’est entièrement imputable que d’avoir situé l’introduction de la streptomycine comme traitement antituberculeux “dans les années 30”: c’était dans les années 50. Au temps pour moi.

Post-Scriptum du 07/01/11

Plus que jamais l’ambiance actuelle autour du médicament me conduit à conditionner la crédibilité des intervenants notamment à leur référencement et à leur cohérence au cours du temps. Cela peut paraître un scrupule d’un autre âge mais sur la base de tels critères, les approximations ou erreurs des journalistes (à l’occasion d’interviews publiées sans avoir été relues) deviennent vite lourdes à porter. C’est ainsi, exemple parmi d’autres, que je suis actuellement en litige devant le Conseil de l’Ordre avec un académicien qui m’a publiquement accusé d’avoir usurpé le titre de “professeur” (on a les idéaux qu’on peut…): pour sa défense, mon accusateur s’abrite derrière un article du Parisien dont je n’ai même pas été destinataire et qui m’y donnait généreusement le titre, en effet…

L’actualité conduisant de nouveau nombre de journalistes à se tourner vers moi (officiellement ou non…), je me propose d’être plus rigoureux (tatillon?) dans la rectification des propos qui me sont prêtés. J’en profiterai également, le cas échéant, pour rectifier mes propres erreurs éventuelles (cela arrive aux meilleurs d’entre nous) dès qu’elles auront été portées à ma connaissance.

  1. C. Frémont, Adieu Sécu, Le Cherche Midi, 2006.
  2. M. Girard, Médicaments dangereux. A qui la faute?, Dangles, 2011, chap. 1.
  3. Il suffit de relire sur les années cruciales 1995-97 l’excellente Revue Prescrire “qui ne s’est jamais trompée” (Europe 1.fr, 04/01/11) pour apercevoir que ce journal a continûment gobé, et jusqu’au bout (cf.n°236, 2003, pp. 103-4), la manipulation grossière des autorités sanitaires visant à diluer la spécificité de toxicité des fenfluramines dans la classe des “amphétaminiques” en général.