L – « Jamais un expert ne s’était autant soucié de ma personne »

« Dans le cadre d’une requête auprès de la Direction Générale de la Santé suite à un accident post-vaccinal hépatite B, je me suis présentée le vendredi **/**/2004 au cabinet du Docteur Marc GIRARD, expert en pharmacovigilance et pharmacoépidémiologie à Versailles avec mon conseil Maître L. en vue d’une contre-expertise. J’ai été agréablement surprise par l’accueil que m’a réservé le Docteur GIRARD. Les conditions d’accès à son cabinet étant difficiles de par mon déplacement en fauteuil roulant, Docteur GIRARD a pris la peine de venir m’accueillir à l’entrée de l’immeuble et de me proposer son aide. Très angoissée et dépressive de par ma situation, Docteur GIRARD a su me mettre en confiance. A la différence d’autres experts, il ne s’est pas contenté de réaliser un examen clinique accompagné d’un mini-entretien banal sur les antécédents médicaux et l’histoire de la maladie. L’entretien a duré trois heures et a été mené d’une manière progressive avec un grand professionnalisme et une grande humanité, partant de mes antécédents personnels et familiaux, de l’histoire de la maladie pour en arriver au plus douloureux : l’évocation de ma vie avant la maladie et ce que je suis devenue depuis, dans tous ses aspects : personnels, professionnels, familiaux et sociaux. Docteur GIRARD m’a permis de m’exprimer amplement et a fait preuve d’une écoute véritable et d’une attention réelle tout au long de l’entretien. Jamais un expert ne s’était autant soucié de ma personne ni n’avait fait preuve d’autant de professionnalisme. »

Fait à W***, le 17 janvier 2006

Claire L.

S’il me fallait une dernière preuve que les victimes ont bien entendu la mise en garde concernant mon horreur des témoignages de « complaisance » ou des « faux témoignages », l’attestation de cette femme jeune, blonde, belle et déchirante achèverait de me rassurer. Professionnelle de santé expérimentée malgré sa petite trentaine, cette ancienne infirmière en soins pédiatriques intensifs, sportive acharnée, que des troubles sévères de la coordination avaient conduite en quelques mois à un état de totale dépendance et de solitude ravageante, était arrivée à mon cabinet en chaise électrique et avec un dossier médical évoquant la probabilité d’une hystérie… L’extrême retenue de son attestation qui récapitule, elle aussi de « manière progressive », la gravité de notre échange n’est pas d’une hystérique, comme attesté aussi par la carte de vœux qu’elle m’avait spontanément adressée un an auparavant, où l’émotion transparaissait plus lisiblement, quoique de façon maîtrisée également :

« Juste un petit mot pour vous dire
Merci
Merci d’être qui vous êtes
Merci de tout ce que vous avez fait pour moi
Merci pour ce rayon de soleil,
cette lueur d’espoir. »

Malgré sa touchante retenue, ce témoignage nous livre de nouveau un portrait de l’expert en héros. Songez plutôt : seul homme parmi trois femmes (la victime, l’ambulancière et l’avocate) dont l’une paraplégique dans un fauteuil électrique de quelques dizaines de kilos, il a même pensé à « proposer son aide » pour gravir les marches assez élevées qui conditionnent l’accès à son cabinet ! Il faut vraiment que le gars-là ait des dons hors du commun pour penser à des trucs pareils : le « cabinet » dont Claire se souvient, pour sûr, c’est Le Cabinet des Fées

C’est que, dans le monde expertal français, on passe vite pour un magicien dès lors qu’on est simplement normal… Et l’on se prend de plus en plus à penser qu’il y a quelque chose de louche dans ce milieu où la normalité est une marque d’exception.

Déjà vanté par Mme K. pour avoir fait un peu plus qu’un « examen très succinct », ce technicien d’exception apparaît aussi comme celui qui ne se contente pas d’un « mini-entretien »… « à la différence d’autres experts ». Comme avec Mme I., il s’est aussi attaché à évoquer les conséquences actuelles de la maladie – démarche manifestement originale en expertise, dans laquelle Claire voit la marque d’une « grande humanité »…

Le reste est à l’avenant, et il est un fait que recevant cette jeune femme, qui avait fait plusieurs centaines de kilomètres dans les conditions que l’on imagine relativement à la gravité de son infirmité, l’expert n’a pas regardé sa montre. Dérapage affectif ?

« Jamais un expert (…) n’avait fait preuve d’autant de professionnalisme. »

C’est aussi une professionnelle de santé qui parle.